Phnom Penh
La capitale est très agréable avec ses rues au trafic chaotique, ses maisons coloniales et ses nombreux marchés ou l’on peut trouver de tout. Il y a une promenade le long de la rivière Tonle Sap. Elle rejoint le Mékong à cet endroit. Nous logions sur les bords de Boeung Kak, un lac au nord du centre ville. Les auberges sont sur pilotis et les terrasses et restaurants sont au dessus de l’eau. Les maisons des esprits existent également au Cambodge et de nombreux signes sont traduits en français.
La légende veut qu’en 1372, une femme du nom de Daun Penh, marchant le long de la rivière, trouva cinq statues de Bouddha. Elle créa un sanctuaire au sommet d’une colline pour les abriter qui devint connu comme Phnom Penh, la colline de Penh (photo du dessous). Cela donna ensuite le nom à la ville qui grandit autour.
Le monument le plus imposant est le palais royal. Construit dans un pur style khmer, la plupart des bâtiments ont moins de 100 ans car ils furent reconstruits au début du XXème siècle. Le bâtiment central est le hall du trône (photo de gauche). Dans le complexe se trouve la Pagode d’Argent (photo de droite), construite en 1962 et appelée ainsi à cause des 5329 carreaux d’argent qui composent le sol. Malheureusement, ce dernier est recouvert … de tapis! Dans cette pagode il y a également un Bouddha d’émeraude, cette fois en cristal vert. La ressemblance avec le palais royal de Bangkok est frappante.
Juste à coté se situe le musée national. Le bâtiment est magnifique et est autant intéressant que les statues et objets qu’il enferme.
Une autre facette de la ville, moins agréable, est issue de la période des Khmer Rouge. Ils furent créés a partir d’un mouvement révolutionnaire qui attirait les jeunes gens aux idéaux communistes. Ils voulaient une nation de paysans travaillant dans une société agraire ou la famille, la fortune et le statut sont inexistants. Les familles furent séparées, l’argent et les biens personnels abolis et chaque moment de la vie quotidienne dicté. Des milliers de personnes moururent dans les champs de maladie et de famine. Un programme d’exécution de masse fut commencé avec les officiers militaires, les personnes éduquées, les moines, ceux qui parlaient une langue étrangère et même ceux qui portaient des lunettes. Puis, le régime devint de plus en plus paranoïaque, exécutant ses propres membres. Il est estimé qu’entre 1 et 2 millions, soit 20% de la population, moururent sous les Khmer Rouge.
Le 17 avril 1975, les Khmer Rouge entrent dans Phnom Penh. La population fut vidée, même les malades des hôpitaux. De nombreux bâtiments furent détruits. Pendant 3 ans 8 mois et 20 jours, la capitale fut une ville fantôme et le pays régna dans la terreur. Les prétendus traitres étant arrêtés, torturés afin d’avouer leurs crimes imaginaires et exécutés. Les vietnamiens libérèrent Phnom Penh le 7 janvier 1979. Les dégâts causés sous les Khmer Rouge sont visibles encore maintenant.
Dans la ville se situe le musée du génocide Toul Sleng. Originellement une école, les bâtiments devinrent la célèbre prison S-21 entre 1975 et 1979. A cet endroit, plus de 13000 personnes moururent. S-21 était un centre d’interrogatoire désigné pour les personnes instruites et les élites comme les docteurs, les professeurs ou le personnel du gouvernement. Même des enfants et des bébés furent massacrés afin d’éviter une vengeance lorsqu’ils seraient plus grands. Les anciennes salles de classe furent transformées en cellules individuelles minuscules ou bien en cellules plus grandes ou des dizaines de prisonniers étaient entassés et enchaînés au sol. Les balcons sont toujours fermés par des barbelés afin d’empêcher les prisonniers de sauter et ainsi de mourir prématurément. En janvier 1979, les vietnamiens ne retrouvèrent que sept survivants. Il y a des photos des détenus, chacun avec un numéro, car les Khmer Rouge étaient méticuleux à documenter leurs prisonniers. Les différentes méthodes de torture sont également expliquées.
Douze kilomètres au sud de la ville se situe Choeung Ek, ou les prisonniers de Toul Sleng étaient amenés afin d’être exécutés. Au début, ils étaient fusillés. Ensuite, afin d’économiser des balles, ils étaient frappés à mort ou avaient la gorge tranchée. Pour économiser de l’essence, ils étaient parfois tués sur la route et jetés dans les rizières sur les bas cotés. En 1980, 86 des fosses communes furent fouillées. Un mémorial fut construit abritant les restes de 8985 corps. 43 fosses communes restent intouchées. Au sol, des os apparaissent avec l’érosion et la pluie.