Muang Khoua
Toujours plus haut sur la rivière Nam Ou, mais cette fois en bus (le bateau était vraiment trop cher) nous nous rendons à Muang Khoua, la dernière ville avant de quitter le Laos. Nous arrivons tard et trouvons un hôtel pour la nuit. L’endroit est très peu développé alors que nous pensions arriver dans une petite ville ou beaucoup de gens passent pour aller ou revenir du Vietnam. Il y a un pont suspendu métallique effrayant qui balance lorsque l’on marche dessus. Notre chambre est située près de la rivière et j’ai l’agréable surprise de voir grimper un rat le long du mur juste derrière mon oreiller.
Le lendemain, nous apprenons qu’il n’y a peut être pas de bus pour nous rendre au Vietnam. Normalement il y en a tous les jours mais la route est en travaux et est impraticable, surtout avec la pluie. Il n’y a pas eu de bus depuis deux jours mais on nous dit qu’il y en aura peut être un le lendemain. Nous ne savons pas quoi faire. Il nous faudrait faire trois jours de bus pour nous rendre au passage de frontière le plus proche. Cela nous coûterait de l’argent (et beaucoup d’énergie), il faudrait retourner à l’ endroit ou nous étions la veille et nous allons peut être dépasser le temps de notre visa (et il faut payer une amende pour chaque jour en trop dans le pays).
Nous décidons donc de rester là ou nous sommes. C’est cette frontière que nous voulons utiliser pour arriver à un certain endroit au Vietnam. Un israélien est avec nous. Au pire, à nous trois, nous allons payer un chauffeur ou sauter dans un pick-up pour faire les soixante kilomètres qui nous séparent du Vietnam.
Quelle ne fut pas notre joie lorsque dans l’après midi nous avons vu le minibus arriver du Vietnam et déposer des touristes. La route est ouverte et nous pourrons repartir dans le même minibus. Nous surveillons inquiet le ciel menaçant. Surtout, pas de pluie…
Réveil à 3h30 du matin. Nous nous rendons au bord de la rivière ou une barque fait traverser la dizaine de touristes que nous sommes afin de rejoindre le minibus sur l’autre rive (la traversée de rivière de nuit avec le courant rugissant n’était pas ma partie préférée). Le chauffeur demande le double du prix pour le billet. Nous protestons mais lorsqu’il menace de descendre nos sacs installés sur le toit, certains craquent et nous devons payer. Nous voici partis pour sept heures de route chaotique. Le sol est boueux. Plusieurs fois, nous devons descendre afin d’alléger le bus et de faciliter son passage. Nous devons même le tirer dans une côte. Nous mettons toutes nos forces sur la corde et le voyons patiner de gauche à droite et menacer de finir dans le fossé.
Nous assistons à un spectacle magnifique, un lever de soleil sur une mer de brume. Nous traversons de petits villages constitués seulement de quelques huttes. Les femmes portent des tenues traditionnelles de couleur.
Nous arrivons à la frontière : tampon du côté laotien, quelques kilomètres de no man’s land puis tampon du côté vietnamien. On ne nous demande même pas de l’argent supplémentaire, incroyable !
Nous sommes au Vietnam ! Le Laos est un beau pays mais il ne nous a pas laissé une forte impression. Beaucoup aiment la tranquillité des laotiens, nous les avons trouvés mous. De plus, nous pensions que ce serait le pays le moins cher des quatre par ici. Pour l’instant, c’est celui ou nous avons dépensé le plus d’argent (en contant l’ordinateur acheté en Thaïlande). Les laotiens n’ont pas cette tradition de manger hors de chez eux. Tous les restaurants sont pour les touristes et coûtent assez cher. Et certaines personnes exagèrent vraiment trop sur les prix pour les touristes.
Nous sommes maintenant au Vietnam et nous sentons immédiatement que ce pays nous correspond davantage. Il y a un dynamisme énergisant. Les gens sont efficaces. Il règne dans les rues cette petite folie (que certains appelleront bazar) que nous avions aimé en Chine. Il y a de petits restaurants et bars à bière sur les trottoirs. Les vélos et les pousse-pousses se faufilent dans les rues. Ce sera un bon dernier pays ! (quelle pensée étrange de se dire que c’est le dernier pays…)